L'Union européenne a mis en place une politique de communication visant à instaurer un « espace public européen » (Dacheux 2003). Derrière cette politique volontariste se trouve l'idée – défendue avec talent par J. Habermas - que l'espace public est un espace de médiation politique et que cette médiation passe aujourd'hui essentiellement par une médiatisation. Or, cette réduction implicite de l'espace public politique à l'espace médiatique est remis en cause par l'étude attentive de l'espace public Suisse. Étude qui montre que, d'une part, la communication politique ne se réduit pas aux interactions entre médias, opinion publique et élus, ce que soulignait déjà J.M. Ferry (1989) et qu'il convient donc d'analyse d'autres constructions symboliques médiatiques comme les mythes par exemple ; et qui montre, d'autre part, que l'espace public est aussi un lieu concret d'engagement, ce qu'ont montré parfaitement les manifestants de la place Tahrir. Pour penser les problèmes spécifiques de la construction européenne, il convient donc de s'appuyer sur des études empiriques de manière à faire évoluer une pensée habermassienne toujours fertile mais parfois un peu trop aveugle aux évolutions concrètes des espaces publics vécus.