Dans la mémoire collective arabo-islamique, l'Occident renvoie à une image ambiguë et porteuse de tensions multiples. Il est, en effet, curieux de constater qu'il existe un rapport de rejet et en même temps de fascination envers cet ensemble . Ce rapport oscillant entre le “moi” arabo-islamique et les “autres” (les Occidentaux) traduit un malaise de perception de l'Occident en tant qu'interlocuteur. Pourtant, cette ambivalence ainsi que ces tensions ne représentent qu'un aspect de la crise identitaire qui traverse l'ensemble arabo-islamique. Car, en dehors du rapport complexe avec l'Occident, il existe une crise de reconnaissance et de définition de ce même “moi” face à sa propre culture-religion et face au monde qui l'entoure. Par ailleurs, l'on sait que les retombées de la domination coloniale se ressentent encore aujourd'hui. Seulement, elles sont aussi présentes au sein même du discours identitaire arabo-islamique en ce sens où l'on se définit comme étant le monde vaincu et opprimé. De l'opposition d'un passé islamique sujet de fierté et d'un présent porteur d'auto-dépréciation, naît le malaise identitaire. C'est dans ce climat qu'est apparu un discours qui trouve une forte résonance : le discours radical. Il est fort intéressant de se pencher sur le rôle de ce discours dans l'appropriation même du moi arabo-islamique et de la culture-religion régnant dans cette sphère. En ce sens, le discours fondamentaliste s'érige au milieu de ces tensions en tant que “sauveur” au sens weberien du terme. Il se propose, tout en essayant de le remplir, de délimiter l'espace public et de donner une issue à la crise en définissant par-là même l'identité arabo-islamique. Il se base sur une stratégie argumentative fondée sur le référencement à une mémoire collective historique partagée par l'ensemble des nations qui constituent cette sphère.