L'arrivée des nouvelles technologies de l'information et de la communication à partir des années quatre-vingt dans les musées a suscité des craintes chez les professionnels des musées. Certains craignaient, le risque d'une concurrence entre la pratique des " visites virtuelles " proposées par ces nouveaux médias (cédéroms et sites web culturels essentiellement) et la pratique de visite des expositions au sein de l'institution muséale. Face à cette méfiance, de nombreuses études sur les usages rendus de ces nouveaux dispositifs médiatiques ont été menées en contexte muséal. L'approche du musée comme média par les sciences de l'information et de la communication a permis d'anticiper le type d'études menées plus spécifiquement sur les multimédia lié au musée. Ces approches croisent dans une certaine mesure le champ de la sociologie des usages . Un certain nombre de ces études d'usage se centrent sur le point de vue des usagers pour décrire l'appropriation de ces nouveaux dispositifs en contexte muséal. Cependant, cette approche peut contribuer à réifier une opposition entre des logiques techniques et des logiques sociales. En présentant une analyse menée sur les usages de sites web culturels nous proposons ici de dépasser cette opposition en nous appuyant sur une approche socio-sémiotique. Elle tient compte de l'évolution des problématiques liée à l'usage, marquée par une complexification de la notion. Il s'agit d'étudier de manière précise les articulations entre les dimensions technique, sociale et scripturale, du média Internet. En adoptant une telle posture nous montrerons ainsi comment celle-ci nous invite à reproblématiser la notion d'usage à partir d'une attention à l'ensemble des médiations qui sont en jeu. L'analyse de productions sur le réseau comme usages d'autres productions, conduit à accorder une place à la médiation des objets dans la construction des usages de l'Internet.