La profession de documentaliste audiovisuel est née avec la télévision publique en France. Créée et occupée majoritairement par des femmes, elle a dessiné son identité professionnelle au cœur de rapports sociaux de genre. Les documentalistes ont en effet construit leurs outils et leurs pratiques d’indexation, d’archivage, de commercialisation et de valorisation des archives, dans une division du travail verticale, au service des journalistes et réalisateur·ice·s, qui furent longtemps une majorité d’hommes. Ce travail de recherche interroge la construction d’une profession marquée par de fortes assignations de genre, au cœur d’un environnement audiovisuel bouleversé, à la fois par le passage du monopole à l’industrialisation, mais aussi par la profonde évolution des outils et techniques de création audiovisuelle, et le bouleversement du numérique. Cette recherche s’appuie sur quarante entretiens semi-directifs auprès de professionnel·le·s de la documentation audiovisuelle, ainsi que sur l’analyse des sources institutionnelles et la littérature grise de la RTF, de l’ORTF et de l’INA, et des archives syndicales de la CGT et de la CFDT-INA.